Quand l’enfant posa délicatement son bateau sur le
petit ruisseau qui coulait en bas du jardin, il savait très bien qu’il était
trop petit pour maîtriser les techniques de la construction navale.
Il avait piqué quelques bouts de bois dans l’atelier
de son papa, et avec quelques clous, un peu de ficelle et de la glue extra
forte, il avait réussi à réaliser une sorte de navire qu’il avait qualifié de
« rigolo ».
Et pour terminer son chef-d’œuvre, il avait pris son mouchoir dans la poche et
en avait fait une voile multicolore.
La mise à l’eau fut pourtant satisfaisante et
l’ensemble résista au clapotis du petit cours d’eau.
L’enfant joua un moment dans le renfoncement où il
venait souvent patauger quand il faisait chaud,
et puis tout à coup, il poussa son bateau, comme par défi, vers le
milieu du ruisseau.
Celui–ci tangua un peu, semblant vouloir chavirer à
chaque instant, puis s’aligna dans le sens du courant et s’en alla presque
majestueusement.
L’enfant le suivi jusqu’au bout du jardin, puis grimpa
sur le muret qui le limite et éclata de rire en le regardant s’éloigner.
Il fonça alors prendre son vélo, dévala la route
jusqu’au pont situé à l’entrée du village et vit son embarcation se jeter du ruisseau
dans la rivière et accélérer avec le courant devenu plus puissant.
L’enfant resta le regarder jusqu’à ce qu’il
disparaisse à la première courbe et devint tout triste.
Oh, non ! Pas de se dire qu’il ne le reverrait
plus, mais simplement parce qu’il n’avait pas pensé à écrire un petit mot qu’il
aurait pu par exemple glisser dans une bouteille d’échantillon de parfum de sa
maman.
Il y aurait mis son nom, son adresse, et
quelque-chose comme : «je suis un gentil garçon, bricoleur et
rêveur. Si vous trouvez mon bateau échoué sur un plage lointaine, écrivez-moi,
s’il vous plait ».
Et le soir, avant de se coucher, il regarda une
mappemonde dans le bureau de son papa, avec les yeux brillant en imaginant
l’endroit où il pourrait arriver, et puis s’endormit en se disant que de toute
façon, il avait toutes les chances de se faire écraser par un de ces supers
tankers qu’il avait vu à la télévision.
Il ne savait pas alors, que le lendemain, la jolie
petite fille aux cheveux blonds bouclés, à qui il n’osait pas parler à l’école
et qui habitait à l’autre bout du village, sonnerait à sa porte.
Tiens, tiens.... il me semble bien avoir lu ça quelque part avant ;-)
RépondreSupprimerMais j'avoue qu'à le lire simplement ici, on ne le lit pas de la même façon.
J'aime bien quand tu écris. Continue surtout... pour le plaisir que j'ai de te lire en tout cas :-)
Merci!!!!! :-)
SupprimerMoi aussi, je retrouve ce texte, et comme Menfin, je ne le relis pas de la même manière.
RépondreSupprimerC'est une fort belle histoire d'enfance. De rêve. J'espère que tous les anciens petits garçons ont fait un jour un bateau qui s'est emmêlé dans des branchages. :-)
Amélie