mardi 14 octobre 2014

Philippe



On s’est tout dit,  mon Philou…

On n’avait pas la même vie, on n’avait pas la même famille, on n’avait pas la même femme, mais on s’est tout dit.

On n’avait pas les mêmes envies, ni les mêmes ennuis, mais on avait les mêmes amis, et on s’est tout dit.

Enfin, on se disait tout ce que l’autre voulait entendre, ou plutôt,  on voulait croire que ce que l’autre disait était vrai.

Un couple moderne, en somme…

Et puis, on savait qu’on poussait le bouchon un peu trop loin… On était si bien…

Alors, on se disait les choses de la vie, les instants qu’on ne pouvait dire à personne, l’amour qu’on avait pour les autres, à coup de gnôle et de tabac à rouler…

On se parlait des exceptions à la règle.

On parlait de Dieu, chacun à sa façon, des seins des femmes, chacun à sa façon aussi, et du plaisir…

On s’est quitté aussi, et quand on s’est retrouvé, on n’en a plus jamais parlé…

On s’est tout dit et quand on se dit tout, il y a toujours une chanson qui revient, une musique qui s’en fout de nous, et ce bouchon, encore plus loin…

Putain, que tu étais froid la dernière fois où je t’ai embrassé…

Et dans ces cas là, on a souvent le regret d’un truc qu’on n’avait pas eu le temps de se dire.

Mais, pas nous.
Enfin, si…

Quand j’ai compris que tu étais sur le départ, je ne t’appelais plus « Philippe », mais « mon Philou ».

Je n’ai jamais su te le dire, mais tu le savais tellement… Et je ne voulais pas te perdre…

On s’est tout dit, Philippe, et bouchon ou pas bouchon, on a encore mille choses à se partager…

Alors, à bientôt !

Michou…