samedi 5 septembre 2015

Quand la mer se marre...





Je savais que la mer pouvait me prendre, me renverser, m’engloutir et me rejeter à sa guise sur le sable.

Je ne savais pas qu’elle pouvait se marrer du bon tour qu’elle venait de me jouer.

Je n’avais pas les moyens de ma solitude. Elle le savait.

Elle n’avait plus qu’à inviter le vent, voiler le soleil, noircir les rochers et j’étais fait comme un rat.

A quoi bon alors résister…

Je l’ai pourtant aimée, admirée, sublimée, et même invitée dans mes rêves de plénitude.

Je suis toujours allé vers elle, je l’ai toujours remerciée, je lui ai offert mes mots, la musique qu’elle souhaitait, j’ai cru en son parfum, je lui ai donné toute ma patience.

Elle n’avait pas le droit de rire de moi et de me laisser là, fracassé sur le sable comme un débris de bateau naufragé.

Je ne pouvais plus bouger. J’avais froid et rétrospectivement peur.

Je pensais à une vengeance forte, complète et définitive.

J’en appelais aux fantômes des pirates, aux sirènes humiliées, aux princes des abîmes maritimes,  aux châteaux d’enfants éparpillés par les marées.

J’ai hurlé à la lune : « la mer n’est qu’une sale putain ! »

Et j’ai pleuré, beaucoup pleuré, tandis qu’elle se parait d’un gros nuage méprisant.

Puis je me suis laissé avaler par ce silence relatif des bords de mer. Le clapotis de l’eau, les cliquetis lointains sur les mâts des bateaux ancrés pour la nuit, le roulement des cailloux arrondis par les marées successives.

Demain, il faudra quand même se redresser.

Moi qui ne suis ni marin, et encore moins capitaine, il me faudra prendre un cap, m’éloigner avec ce rire qui résonne encore et mes vêtements humides et salinés.

Tu as rendu le poète minable, la mer, mais je n’ai pas dit mon dernier mot.

Je reviendrai…


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