Je savais que la mer pouvait
me prendre, me renverser, m’engloutir et me rejeter à sa guise sur le sable.
Je ne savais pas qu’elle
pouvait se marrer du bon tour qu’elle venait de me jouer.
Je n’avais pas les moyens de
ma solitude. Elle le savait.
Elle n’avait plus qu’à
inviter le vent, voiler le soleil, noircir les rochers et j’étais fait comme un
rat.
A quoi bon alors résister…
Je l’ai pourtant aimée,
admirée, sublimée, et même invitée dans mes rêves de plénitude.
Je suis toujours allé vers
elle, je l’ai toujours remerciée, je lui ai offert mes mots, la musique qu’elle
souhaitait, j’ai cru en son parfum, je lui ai donné toute ma patience.
Elle n’avait pas le droit de
rire de moi et de me laisser là, fracassé sur le sable comme un débris de
bateau naufragé.
Je ne pouvais plus bouger.
J’avais froid et rétrospectivement peur.
Je pensais à une vengeance
forte, complète et définitive.
J’en appelais aux fantômes
des pirates, aux sirènes humiliées, aux princes des abîmes maritimes, aux châteaux d’enfants éparpillés par les
marées.
J’ai hurlé à la lune :
« la mer n’est qu’une sale putain ! »
Puis je me suis laissé avaler
par ce silence relatif des bords de mer. Le clapotis de l’eau, les cliquetis
lointains sur les mâts des bateaux ancrés pour la nuit, le roulement des
cailloux arrondis par les marées successives.
Demain, il faudra quand même
se redresser.
Moi qui ne suis ni marin, et
encore moins capitaine, il me faudra prendre un cap, m’éloigner avec ce rire
qui résonne encore et mes vêtements humides et salinés.
Tu as rendu le poète minable,
la mer, mais je n’ai pas dit mon dernier mot.
Je reviendrai…
J'aime beaucoup ce texte-ci !!
RépondreSupprimerEt merci Léo!
RépondreSupprimerEt bien.. Pourvu qu'un jour cet homme ait l'idée de se marrer devant la marée ! ;-)
RépondreSupprimerAmélie