mardi 30 août 2016

Une petite note



Quand l’orchestre eut fini de jouer, le public resta silencieux.

Les musiciens interloqués se sont regardés, ont regardé le chef d’orchestre qui, lui-même,  s’est  retourné vers la salle, puis vers les coulisses, sans qu’aucune explication ne vint. 

C’est alors qu’il aperçut une petite note qui était là, au-dessus de la scène, comme suspendue…

Un fa dièse ou un mi bémol, peu importe !

Elle était là, perchée sur sa ligne, comme une hirondelle abandonnée par ses consœurs, immobile, tremblante, silencieuse…

« Il y a quelque chose qui croche », dit mon voisin.

Chut !!!

La salle était mieux que silencieuse, elle ne respirait plus.

Mais qu’est-ce qui lui arrivait à cette petite note ? On l’a voyait passer régulièrement, gaie,  vivante, enjouée…

Et là, elle s’était arrêtée, d’un seul coup. 
Voulait-elle nous dire quelque chose ? Voulait-elle qu’on l’applaudisse seule ? Voulait-elle mourir ?

Le violon tenta de la raisonner en lui envoyant sa meilleure copine, mais elle refusa de la suivre.
Le tambour se lança dans un roulement des plus sonores pour la sortir de sa torpeur, mais elle ne broncha pas.
Le tuba et le piccolo entamèrent un duo hilarant, mais rien n’y fit.

C’est à ce moment qu’au fond de l’orchestre, un petit homme s’est levé, et montrant son triangle, a dit : « pardon, je me suis endormi… »

Alors, le chef d’orchestre fit rejouer entièrement la symphonie, propulsant à nouveau des milliers de notes dans l’espace, et quand le silence revint, la salle se mit debout et applaudit comme jamais.

La petite note avait disparue…