vendredi 28 novembre 2014

Qui es-tu?



… Euh… Qui es-tu ?
Que fais-tu dans mes bras ?
On dirait que cette musique tourne en boucle, non ?
Voilà,  je me rappelle. On a fait la fête chez des amis communs.
Tout le monde est parti, tu sais ?
On a un peu picolé, non ?
On a dansé aussi, beaucoup. Tu t’en souviens ?
Des rock ‘roll endiablés…
C’était avec toi ?
Et ensuite, des rock ‘roll plus sensuels… Non ?
 
Je suis imprégné de parfum. C’est le tien ?
Là, c’est carrément du rock slow, hein ?
Tu dors ?
T as l’air bien… Moi aussi, mais tu t’en fous, non ?
Putain, je suis fatigué…
On est bien collé, là… J’ai envie de rire. … Et le jour qui se lève…
Allo ! Tu m’entends ???
En fait, on est collé, mais je ne te connais pas… Enfin, si… Tes mains, tes cheveux, ton souffle, mais pour le reste…
Même pas ton prénom… C’est nul….
Et cette alliance à ton doigt… 
Je vais m’endormir…
… Oublier… Et puis demain, m’en souvenir… sûrement…

lundi 10 novembre 2014

J'attends



J’attends.
On avait dit cinq heures moins le quart.
Il est cinq heures moins le quart, et j’attends.
En fait, au début de l’attente, on ne sait pas qu’on attend.
On  est là, comme prévu, et on a le temps.
Le temps de prendre possession du lieu de rendez-vous.

Un arbre avec un cœur gravé, un abribus avec un tag nerveux, une fontaine avec des oiseaux, un parvis d’église avec un mendiant, un banc déjà occupé, un hall de gare avec une immense horloge, un carrefour avec un petit bonhomme vert…. clignotant.

J’attends et j’ai le temps.
Celui de me remémorer l’histoire de ce rendez-vous.
Ça a commencé au téléphone à mon domicile, ou sur le quai d’un métro, dans les vestiaires d’un club de gym, lors d’un conseil d’administration, près de la sortie d’une école maternelle, sous un soleil de plomb, pendant le discours d’un homme politique, devant un kiosque à journaux… frais.
C’était hier, la semaine passé, le jour de la Toussaint, il y a un an pile, une éternité…
Et depuis le temps à passé.
Le temps de la vie, le temps de l’ennui, le temps de l’envie, le temps de la pluie, le temps d’un merci, d’un papillon de nuit, d’un comique qui se moque de son nez riquiqui, d’une fourmi qui fourmille … d’idées.
J’attends et maintenant, je sais que j’attends, alors j’approfondis les choses.

L’écorce à commencé à recouvrir le cœur, le tag exprime de la douleur, les oiseaux se sont envolé, le mendiant a écrit « j’ai faim » sur un carton, le banc est libre, l’horloge de la gare indique cinq heure moins le quart passé, le bonhomme vert est devenu rouge… pétant.

L’attente, c’est une solitude qui ne dit pas son nom, une bougie qui s’évapore à peine,  un slogan révolutionnaire pacifique,  un mime qui parle en dormant,  les lumières d’un bateau dans la nuit… s’approchant.
J’attends et je perds mon temps.

La sève de l’arbre coule au bout de la flèche,  un agent de la ville nettoie l’abribus,  un chat boit de l’eau à la fontaine, un corbillard est garé devant l’église, le mendiant a rejoint le banc, on annonce une grève des cheminots, au carrefour se donne un concert… de klaxons.

Cinq heures moins le quart n’est plus.
Allez, c’est décidé : je file...

On m’attend!!!

mardi 14 octobre 2014

Philippe



On s’est tout dit,  mon Philou…

On n’avait pas la même vie, on n’avait pas la même famille, on n’avait pas la même femme, mais on s’est tout dit.

On n’avait pas les mêmes envies, ni les mêmes ennuis, mais on avait les mêmes amis, et on s’est tout dit.

Enfin, on se disait tout ce que l’autre voulait entendre, ou plutôt,  on voulait croire que ce que l’autre disait était vrai.

Un couple moderne, en somme…

Et puis, on savait qu’on poussait le bouchon un peu trop loin… On était si bien…

Alors, on se disait les choses de la vie, les instants qu’on ne pouvait dire à personne, l’amour qu’on avait pour les autres, à coup de gnôle et de tabac à rouler…

On se parlait des exceptions à la règle.

On parlait de Dieu, chacun à sa façon, des seins des femmes, chacun à sa façon aussi, et du plaisir…

On s’est quitté aussi, et quand on s’est retrouvé, on n’en a plus jamais parlé…

On s’est tout dit et quand on se dit tout, il y a toujours une chanson qui revient, une musique qui s’en fout de nous, et ce bouchon, encore plus loin…

Putain, que tu étais froid la dernière fois où je t’ai embrassé…

Et dans ces cas là, on a souvent le regret d’un truc qu’on n’avait pas eu le temps de se dire.

Mais, pas nous.
Enfin, si…

Quand j’ai compris que tu étais sur le départ, je ne t’appelais plus « Philippe », mais « mon Philou ».

Je n’ai jamais su te le dire, mais tu le savais tellement… Et je ne voulais pas te perdre…

On s’est tout dit, Philippe, et bouchon ou pas bouchon, on a encore mille choses à se partager…

Alors, à bientôt !

Michou…