L’homme creusait.
Il avait choisi l’endroit avec soin, en bordure d’une forêt,
loin des routes passantes, entre un cerisier sauvage et un chêne rouge qui
avaient poussé là pour Dieu sait quelle raison.
Le travail était difficile. La terre était lourde et
collante et au bout d’un long effort, il sortit un mètre de sa poche : « 2
mètres par 80
centimètres par 50 centimètres.
Parfait ! »
« Je trouverai bien un ou deux copains pour remettre la
terre par-dessus. Moi, j’ai fait ce que j’avais à faire sur cette foutue terre.
Insister serait indélicat. Et hop ! Salut l’artiste »
Perdu dans ses pensées, il n’avait pas entendu s’approcher
un petit garçon.
« Qu’est-ce que tu fais, Monsieur ? »
Pris de court, l’homme répondit : « Une
piscine… »
L’enfant réfléchit un moment en fronçant les sourcils, puis
il dit : « Mais, Monsieur, c’est trop petit pour une
piscine !!! »
L’homme esquissa un sourire. « Tu as raison, je voulais
dire : une mare… »
Rassuré, l’enfant continua : « Tu vas la remplir
d’eau maintenant ? »
L’homme hésita et avec une moue gentiment résignée acquiesça:
« Oui, et ensuite, si tu veux, on ira chercher des plants de nénuphar, de jonc
et de myosotis pour la décorer. »
« On attrapera des grenouilles aussi ? »
« Non, il faut d’abord attendre que des insectes s’y
installent et ensuite, tu verras, elles viendront toutes seules. Et peut-être
aussi, des libellules et même des chauves-souris !! »
Quelques semaines plus tard, l’enfant revint à la mare.
En arrivant, son visage s’illumina et un sourire hilare
s’y accrocha.
L’homme avait fabriqué et installé une toute petite échelle
et un tout petit plongeoir en bois, et sur une pancarte plantée tout à côté, il
avait écrit : « Ci-vit, la marre aux idées noires ! »
Mais ça, l’enfant ne l’avait pas compris...
Moi oui, bien sûr. ��
RépondreSupprimerHélène