mardi 1 mars 2016

La dame du château



Elle m’avait donné rendez-vous dans une sorte de petit château moderne.

Elle avait un joli sourire et m’a fait asseoir dans un fauteuil bas, peu confortable.
On a bavardé un long moment.
Elle avait l’air intimidée, mais je l’ai sentie passionnée.
Elle m’a fait parler de moi, de mes désirs, de mes anomalies, de mon entourage, de ma vie et du reste...
Elle avait l’air hésitante, mais je me suis senti en confiance.

Puis elle m’a proposé une ballade.
Nous avons traversé un petit champ qui jouxtait le château, avec un pommier au milieu.
Puis, à l’autre bout, nous avons suivi un sentier étroit qui pénétrait dans une forêt.
Arrivés à une fourche, elle m’a demandé de choisir : à gauche, le sentier montait vers une clairière baignée de soleil, à droite, il descendait dans la forêt qui semblait à cet endroit plus touffue, plus sombre.

J’ai pris à droite.
Elle marchait derrière moi, et se mit à parler tout doucement, en se rapprochant pour que j’entende mieux.
Elle disait des mots apaisants comme si elle avait senti que je n’étais pas très rassuré.
J’étais bercé par sa voix enfantine.
Je me souviens juste qu’elle m’avait parlé du bien et du mal, du jugement des autres, du choix qui nous revenait « in fine ».

Quand nous sommes sortis de la forêt, le chemin s’est élargi et elle s’est placée à mes côtés. 
Elle m’a dit : « si tu devais aller dans un endroit où tu te sens bien, tu irais où ? »
J’ai répondu sans hésiter : « sur le chemin des douaniers au bord de l’océan. »

Elle m’a pris par la main et m’a entrainé avec elle.
J’ai eu envie de fermer les yeux et mes yeux se sont fermés.
On a marché un long moment en silence, et bientôt j’avais la mer en face de moi.
Puis on s’est arrêté.
J’écoutais le ressac, je sentais l’écume, et la grande bleue s’étendait à l’infini.
Alors, elle m’a pris les deux mains, m’a fait faire un demi-tour sur moi-même et m’a demandé ce que je voyais à présent.
Je n’ai pas osé répondre, et j’ai ri. Le paysage, qui devait désormais se trouver derrière moi, était toujours en face de moi.
Elle n’a pas insisté et on est rentré.

On a pris congé devant le château.
Je suis resté immobile et je l’ai regardé s’éloigner.
C’est quand elle s’apprêta à franchir la porte que j’ai pu enfin reprendre ma respiration.
Alors j’ai dit : « on se revoit ? »
Elle n’a pas répondu. Elle a juste tourné la tête vers moi et elle a souri.

4 commentaires:

  1. Chouette un nouveau texte !!
    Quel bonheur à nouveau de te lire. Je ne m'en lasse pas. J'apprécie toujours ce que tu nous offres. Celui-ci est léger et nous laisse rêveur. Un agréable sentiment...
    Merci :-)

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  2. Oui c'est chaque fois un plaisir. Il reste la fin qui me laisse sur ma faim et c'est fait pour. On peut tout imaginer. C'est joli. C'est simple. :-)
    Amélie

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