samedi 15 février 2014

La porte était fermée...



La porte était fermée.

J’hésitais…

Si la porte avait été ouverte, je serais surement déjà à l’intérieur, mais la porte était fermée et j’étais là, incrédule et méfiant.

J’étais là et je fixais la porte.

Je n’aurais pas du venir seul…

Si j’avais été accompagné, nous serions sans doute déjà à l’intérieur.

Ou alors, j’aurais pu venir seul mais avec le désir intense de pousser la porte. Seulement, j’étais là sans aucun désir, presque par hasard.

Encore que, par hasard, c’est un peu comme sans y penser. Et sans y penser, on peut pousser une porte…

Tandis que, accompagné, on y aurait pensé, ou disons, qu’on se serait sans doute posé la question.

Ou alors, on aurait regardé par la fenêtre…

Le problème d’une porte fermée, ce n’est pas tellement la porte, c’est ce qu’il y a derrière.

C’est toujours un mystère ce qu’il y a derrière une porte…. Quand on n’a pas regardé par la fenêtre…

Et le mystère a toujours quelque chose d’angoissant… Sauf si on est curieux, peut-être…

D’ailleurs, on dit « pousser la curiosité jusqu’à… »  Comme on pousse une porte.

Mais je ne suis pas curieux et je reste là, immobile et troublé.

Ce qui m’avait frappé dans cette porte, c’était son assurance inébranlable. « Je suis fermée et pas décidée du tout à m’ouvrir.»

Je peux la comprendre. On ne s’ouvre pas naturellement à un inconnu.

D’ailleurs, on le sent bien quand une porte s’ouvre toute seule. Il y a quelque chose de mensonger, d’hypocrite.

On a même envie de faire demi-tour, tellement c’est facile.

Tandis que là, à force de la regarder, il y a comme un rapprochement qui s’effectue… Imperceptible mais réel.

Et derrière cette froide assurance, on ressent toute une généreuse sensibilité. 

On dirait même qu’elle s’apprivoise, tandis que je m’attendris.

Je suis sûr que vous vous moquez, mais je sens qu’elle voudrait parler.

Je suis heureux de n’avoir pas regardé par la fenêtre. Je l’aurai blessée, meurtrie peut-être….

Derrière une porte, il y a toujours un passé et des secrets.

Derrière une porte, il y a des douleurs et des regrets… Des reniements, parfois…

Et puis, des amours, des joies, du plaisir, de l’audace, des moments de plénitude…



Le temps passait et sans m’en rendre compte, j’étais tout près d’elle.

Je ne l’avais pas remarqué auparavant, mais la porte n’avait pas de poignée.

C’était une porte condamnée…

Je n’ai pas voulu savoir pourquoi. J’avais peur de la juger.

J’ai posé ma main à plat sur elle et j’ai souri tendrement.

«Je reviendrai… »

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